viernes, 22 de diciembre de 2017

Le balayeur et le labyrinthe




















Le balayeur est à lui seul le laboratoire du photographe, révélant le négatif des jours. Il invente à chaque passage le lustre du vétuste ; son travail est une cérémonie. C’est de l’oeil du balayeur aussi bien que des endroits arpentés qu’il faut alors rendre compte  de ce qui est vu et de celui par qui les choses sont vues. Il faut donc photographier l’état des choses et sa contemplation. Voilà pourquoi vous comprendrez les images d’Adrien Boyer à la seule condition de les regarder à deux reprises, car elles contiennent deux choses en une même image. C’est à la lumière et aux teintes que prennent les images que l’on doit cette harmonie, tout autant qu’à l’équilibre des lignes et des masses. Mais ce qui pourrait n’être qu’une gamme parfaite est le tissu rapiécé du monde.





















La perfection est l’art des défauts. C’est ce qui rend vivants les espaces balayés par le regard. Les angles ressuscitent, les matières grises des crépis s’animent de motifs, les couleurs délavées sont celles d’une fresque de fortune : sur les fonds de ces lieux sans qualité s’offrent les motifs des volets, portes, rideaux, murs et murets, tapis, parois ou rampes. Tout est encore fermé dans le monde du commun, mais le regard du balayeur partout circule dans ce labyrinthe du quotidien. Car les espaces, qui sont des lieux, ne cessent de désorienter le spectateur. Les parcelles urbaines sont des visions qui nous regardent. Leur auteur est l’invisible. Les échos entre les formes et les structures, les jeux de correspondances, les infimes déviations, tout vous ramène dans l’image : le balayeur et le labyrinthe forment alors la métaphore du photographe et du monde.
























Photos:
Adrien Boyer


Texte
Michel Poivert





No hay comentarios: