Je suis Hmong et j’ai grandi
dans une culture de cérémonies et d’histoires rattachées au monde des esprits.
J’ai commencé à en prendre conscience lorsque j’avais 3 ou 4 ans, quand les
anciens nous racontaient des histoires pour nous effrayer, afin de nous rendre
sages, de peur qu’on parte explorer des lieux interdits. Ils maîtrisaient bien
cet art, si bien que je m’imaginais clairement les fantômes et les esprits. La
peur était à son comble lorsqu’on nous apprenait que quelqu’un dans le village
venait de mourir et qu’un esprit errait ça et là, susceptible de nous
épouvanter ou encore de nous faire du mal.
Récemment, je rentrais de mon
travail dans les champs et j’ai remarqué des ombres dans une fumée émanant d’un
feu au bord de la route. Le phare de ma moto faussait l’apparence des
personnes, si bien qu’elles n’avaient plus l’air réelles, mais ressemblaient
plutôt aux fantômes et aux génies que j’avais imaginé dans le monde des
esprits. Depuis ce moment, je travaille dans ces mêmes conditions : des nuits
enténébrées loin du village, avec de la fumée et un éclairage permettant de
capturer les ombres des personnes qui s’activent, créant ainsi une émotion chez
le spectateur, stimulant son imagination, l’introduisant dans un monde qu’il ne
peut pas voir dans la vie quotidienne, un monde qu’il ne peut voir que dans son
esprit.
Photos
et texte:
Ka Xiong
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