Diyarbakir est un lieu symbolique, car le
génocide a démarré ici. En 1894, le Sultan a ordonné des massacres dans cette
région, le processus génocidaire a donc commencé à ce moment là. Leurs
arguments étaient alors qu’il y avait des rebellions, et les arméniens étaient
accusés d’intelligence avec l’ennemi. C’était donc une raison valable pour les
exécuter. A l’époque du génocide, les populations arméniennes de Diyarbakir ont
subit les massacres de façon systématique, violente, féroce et particulièrement
impitoyable.
En 2011, j’ai exposé pour la première fois en
Turquie, à Istanbul, grâce aux intellectuels turcs; cette exposition-ci résonne
différemment, c’est une offrande pour les gens qui vont venir voir
l’exposition. Présenter ces images en Turquie à l’occasion du centenaire et en
collaboration avec une mairie qui a reconnu le génocide, donne à cet événement
culturel une dimension supplémentaire, une dimension historique, politique et
esthétique. De plus, ce lieu est particulier, mystique. Je vois Keci Burcu
comme une église, un temple, il pourrait être païen, ça pourrait être une
mosquée, une synagogue… Personne ne connaît l’histoire de ce lieu. La première
fois que je suis venu dans cet endroit, j’en suis tombé immédiatement amoureux.
Ici, je suis un peu dans un sanctuaire protégé, mais un sanctuaire qui combat,
avec une démarche politique.
Nous n’avons trouvé aucun lieu à Paris qui a
accepté de présenter l’exposition, mais j’en ignore la raison. A la Maison
Européenne de la Photographie ou au Jeu de Paume, ils n’ont pas souhaité la
programmer, peut-être qu’ils me boudent. Peut-être qu’ils considèrent que c’est
un travail ethnique, ils pensent que je traite des arméniens; ils n’ont pas
compris que toutes les œuvres artistiques sont autobiographiques, je parle
forcement de moi. C’est mon héritage qui a été le prétexte dans ce travail, je
parle d’amour, d’exil, de mort. C’est la mort qui inspire un travail
artistique. En tant qu’artiste, tu es obligé d’aller au bout des choses.
Photos et texte:
Antoine Agoudjian
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