– Oh, les choses que je vois.
«Les choses que je vois», répond-elle, comme une litanie, un leitmotiv, une sorte de ronflement qui suit une interjection et tourne tout seul sans qu’on le pousse.
Les images de Jessica Lange sont des obstacles sans prétention qui
mettent en évidence le mouvement de la vie, et comme le dit Stieglitz,
l’inéluctable : “L’art est ce qui s’inspire de la vie, et la vie, ou le sens de
la vie, se retrouve partout.” Au cours de ses errances, Jessica a rencontré la
vie, ici, là et partout, dans sa simplicité et le quotidien, dans son
aveuglement. Tout est dans l’équilibre des noirs et des blancs. Et puis tout à
coup l’image passe au noir, le grain explose et les lignes s’effacent, le tissu
de l’écran se resserre.
Elle entre dans la scène, furtive, délicate, discrète, elle est
présente tout au long de l’histoire qu’elle raconte, en corps à corps avec la
réalité, et c’est de cela qu’il s’agit, rien d’autre. Le
corps. Elle n’est pas là à attendre, elle n’est pas loin, elle existe dans une
continuité, comme une narration, comme un film. Pour commencer, elle dessine et délimite les
espaces dans lesquels elle va se mouvoir, elle se place dedans, mais garde sa
distance, parce qu’elle cherche la solitude qui la voile, se sépare des regards
qui ne sont pas échangés, se brisent sur des miroirs, cachés derrière une pluie
battante, des âmes perdues ou des ivrognes dont le regard raconte une histoire.
Photos:
Jessica Lange
Texte:
Anne Morin
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