martes, 1 de junio de 2010

Le désir de voir







Eh bien, quand il n’y avait pas de lumière, je prenais des photos sans lumière… Il y a trente-six poses dans une pellicule de Leica, et trente-six poses, c’est trente-six personnes. J’étais habité par une passion qu’on ne comprend peut-être plus aujourd’hui, c’est ce désir d’économiser la pellicule qui faisait que j’ai pris des photos bien meilleures que ceux qui aujourd’hui utilisent des centaines de clichés en se disant : « Un ou deux seront bons. » Si on ne se concentre pas, si on n’est pas passionné, on peut prendre cent clichés, mais on aura cent mauvaises photos. Je n’avais qu’une lampe à kérosène que j’emportais dans les villages des plus hautes montagnes. Parfois, pour prendre des photos d’une centaine de personnes assises dans une pièce, il m’aurait fallu une centaine de lampes dont je ne disposais pas, alors, pour obtenir un effet, je plaçais ma seule lampe le plus près possible du petit garçon ou de l’homme le plus expressif, pour faire ressentir la passion de tous ceux qui restaient dans l’ombre. C’est le désir de voir qui produit l’effet.











Photos et texte:
Roman Vishniac





No hay comentarios: